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Détournement de frais de retransmission de matchs

Détournement de frais de retransmission de matchs

LES ENJEUX AUTOUR DU RÔLE DU MINISTRE JOLINO MAKELELE

Récemment l’inspecteur général de l’IGF Jules Alingete a fait des révélations graves autour des fonds de diffusion des matchs internationaux de football. Il y aurait détournement à partir d’une agence créée par un réseau de journalistes de la télévision publique RTNC. En rapport avec cette affaire, une cabale est montée ces jours-ci, contre le ministre de la communication Jolino Makelele, dont certains tentent de créer abusivement un pont entre sa gestion et cette puante affaire. Une cabale issue des omissions et raccourcis de l’IGF, mais aussi par « la haute hiérarchie » de la RTNC, qui considère le ministre de la communication et des médias comme « un adversaire », nous assure une source. De quoi s’agit-il ? Récit.

L’Union africaine de radiodiffusion (UAR) qui a acquis auprès de la Confédération africaine de football (CAF) le droit de retransmission des matchs, a désigné une agence appelée Goka International pour percevoir ses frais au près de l’État congolais. C’est depuis l’ancien ministre de la communication Lambert Mende que l’État congolais paie les retransmissions par le biais de cette agence.

Sauf que durant des années, la RD Congo a enregistré des arriérés de paiement. Les dettes de l’UAR se sont accumulées, par conséquent cette dernière s’est mise à exiger le paiement par match. Et cela oscille entre 150.000 et 160.000 euros. Entre temps, une commission mixte du gouvernement Ilunkamba réunissant les ministres des sports, du budget, des finances, de la santé et de la communication, ont travaillé sur l’apurement de ces dettes et l’ont exposé au conseil des ministres, des résolutions prises ont été adoptées.

Il était prévu entre autres le paiement par échéances, malheureusement ses résolutions n’ont jamais été mises en œuvre et les arriérés restées intactes. Or, en novembre 2020, l’UAR accepte de diffuser comme une nouvelle dette l’un de deux matchs entre la RDC et l’Angola pour le compte des éliminatoires CAN-Cameroun 2022, ce fut une ultime faveur.

Le match Gabon-RDC dans le même cadre se profilant entre temps à l’horizon, c’est-à-dire pour mars 2021, et au regard des menaces de l’UAR de bloquer la retransmission de ce match de football en faveur de la télévision publique congolaise RTNC si le paiement ne se faisait pas avant, le ministre de la communication et des médias Jolino Makelele adresse une correspondance au directeur de cabinet du président Tshisekedi le 28 janvier 2021.

En effet, l’UAR exigeait 320.000 euros pour deux matchs, c’est-à-dire celui entre la RDC et l’Angola retransmis comme créance et l’autre en attente à l’époque, entre le Gabon et la RDC. Et non 320.000 euros « pour un seul match » comme l’a affirmé dans les médias, certainement par omission, l’inspecteur général de l’IGF Jules Alingete.

Sans réponse, le ministre poursuit ses alertes et adresse une autre lettre au directeur de cabinet le 24 février, puis une autre, la veille de la fatidique rencontre Gabon-RDC, le 24 mars. C’est le jour-j, le 25, que la réponse du directeur de cabinet arrive dans un courrier daté du 16 mars, dans lequel il autorise le paiement de 320.000 euros pour « deux matchs. »

Le ministre de la communication recontacte l’UAR, qui accepte le paiement congolais à la va vite et la retransmission du match Gabon-RDC par la RTNC mais à une seule condition : qu’elle obtienne la preuve du dépôt dans son compte, par la Banque centrale du Congo (BCC), de la somme exigée. Dommage, la BCC ne paiera pas. Pour cause, « l’IGF doit être informée de tout paiement en avance. » Et le match ne sera pas retransmis.

Plus tard, c’est cet activisme du ministre Makelele que l’inspecteur Jules Alingete traitera « d’insistance suspecte », et assurera, toujours par omission à coup sûr, que « l’État congolais a déjà payé 1.800.000 euros pour la retransmission des matchs internationaux » pour la période allant de 2019 à 2021. Oui, l’État congolais a payé cette somme, sauf qu’elle ne couvrait que la CAN-Egypte 2019 et d’autres rencontres, mais pas la CAN-Cameroun 2022, nous clarifie une source bien placée, qui d’ailleurs affirme que sa version reste traçable.

La gestion Makelele, les chiffres

Le gouvernement Ilunga Ilunkamba est entré en fonction en août 2019, comprenant le ministre de la communication et des médias Jolino Makelele. A l’époque, 286 chaînes de télévision étaient enregistrées dans le pays. Et la plupart de celles-ci, 250, fonctionnaient sans payer les droits de diffusion. Par conséquent, de 2016 à 2018, l’État congolais n’a récolté que 52.000 dollars des recettes pour la Télévision numérique terrestre (TNT). Dans ce lot des médias insolvables, on pouvait compter ceux appartenant à certains anciens vice-présidents, anciens premiers ministres, à de très hauts gradés de l’armée congolaise, à de grandes confessions religieuses…

Sous les directives de Makelele venu fraîchement au ministère de la communication, un moratoire a été instauré et dès juillet 2020, la deconnexion de télévisions a été lancée. Chaque chaîne devait payer 15.000 dollars de droit d’exploitation pour 5 ans, ce qui représente 3000 dollars par an.

Une opération qui a dopé les revenus de l’État. Prenez, seulement pour les deux derniers trimestres de 2020, 750.000 dollars ont été récoltés. Et de janvier à mars 2021, le ministère de la communication a déjà encaissé pour le compte de l’État congolais 500.000 dollars. Sans compter les autres revenus…

Quant à la télévision publique RTNC qui n’a plus tenu durant 9 mois les conseils administration, l’organe suprême de la prise des decisions et d’orientation de cette entreprise de l’État, « le ministre s’est imposé », nous rapporte une autre source bien introduite à la télévision d’État, pour que les conseils reprennent.

Prenant parallèlement la décision de réhabiliter les collaborateurs internes de la RTNC « qui y travaillaient pendant des ans sans engagement, chose contraire à la loi en vigueur dans le pays. Une série de décisions pourtant salutaires, mais qui lui a attiré l’ire d’une certaine autorité de la RTNC, considérant le ministre Makelele comme son adversaire, souhaitant jeter désormais de l’opprobre sur lui dans l’opinion et réduire ses chances, au regard de ses compétences qui ne sont plus à prouver, d’appartenir au gouvernement des warriors. Cherchant donc à lui mêler dans l’histoire de détournements qui seraient organisés dans l’affaire de retransmission des matchs », répond notre source proche de la haute hiérarchie de la Télévision publique.

Tony-Antoine Dibendila

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