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RDC : « les pendus de la pentecôte », quelle est la part d’Étienne Tshisekedi

RDC : « les pendus de la pentecôte », quelle est la part d’Étienne Tshisekedi

Figure de l’histoire dont le charisme était incontestable,  Étienne Tshisekedi vient d’être inhumé à Kinshasa le 01 juin dernier. Juin, mois  qui rappelle l’un des plus sales scénarios de l’histoire du Congo, « les pendus de la pentecôte », dont certains font de Tshisekedi l’un des bourreaux. Ce dernier, présenté comme « défenseur de la démocratie et droits humains » par ses partisans, ses pourfendeurs se plaisent à rappeler l’époque de sa proximité avec Mobutu, le défunt « président-maréchal dictateur » du Zaïre (ancienne appellation de la RDC) qui dirigea le pays entre 1965-1997.

De cet épisode macabre, le Grand cordon de l’ordre national Lumumba-Kabila doit-il, de sa tombe, se reprocher ?

Les pendus de la pentecôte, de quoi s’agit-il. Le 02 juin 1966, un sénateur et trois anciens ministres sont pendus dans la capitale à l’actuel Pont Kasa-Vubu (ex-Pont Cabu). Respectivement, Emmanuel Bamba, Évariste Kimba, Alexandre Mahamba et Jerôme Anany. Ils étaient accusés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État par « le fait qu’ils auraient tenté de renverser le régime et projetaient d’assassiner Mobutu ». Un tribunal militaire d’exception, chargé de cette affaire odieuse cousue des pièces mensongères, a prononcé la pendaison pour les accusés.

À cette époque, Étienne Tshisekedi était ministre de l’Intérieur et des affaires coutumières.

25 ans plus tard, en mai 1991, s’ouvrait à Kinshasa la Conférence nationale souveraine, une grande rencontre nationale qui a réuni de personnes venues  de l’ensemble du territoire et de la diaspora. 2 650 en tout, avec pour objectif faciliter la transition du Zaïre vers la voie démocratique. S’était à la suite de l’acceptation du multipartisme par Mobutu, un an plus tôt.

Une Conférence considérée jusqu’à ces jours comme l’une des plus réfléchies et des plus longues (2 ans de pourparlers avec des interruptions).

À ces débuts des années quatre-vingt-dix, Étienne Tshisekedi est le principal opposant, ce, depuis près de dix ans.

Plusieurs commissions seront donc créées durant cette grande Conférence, dont celle nommée « Assassinat et violations des droits de l’homme » chargée d’enquêter sur les grands dossiers liés aux assassinats et violations des droits de l’homme commis de 1965 à 1971, dont l’affaire des « pendus de la pentecôte ».

Sur ces ignobles assassinats, que comportent les conclusions de cette enquête ?

« La responsabilité principale incombe au commanditaire de ces assassinats politiques, le chef de l’Etat, monsieur Mobutu, pour avoir, sur dénonciation intéressée d’un officier en quête de promotion, le colonel Efomi, monté un scénario macabre dans le but de faire peur aux politiciens. Machiavel n’aurait pas conseillé meilleure intrigue au Prince. La responsabilité du feu général Bobozo, qui a coordonné la machination et l’arrestation, est également établie. Le colonel Efomi et le général Bangala sont également responsables comme exécutants du plan machiavélique. Le Tribunal militaire d’exception est responsable collectivement dans l’exécution d’un ordre illégal », est-il clairement mentionné dans le rapport final.

Plus tard, Mobutu déchu et Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir, certaine opinion enfonce Tshisekedi dans les méandres de cette affaire des pendaisons alors qu’il n’y est cité nulle part. Soit il s’agit de l’amalgame dû à l’éloignement de l’histoire, à un raccourci simpliste du fait que Tshisekedi occupait un poste important ou tout simplement d’une machine d’embrouillamini historique à des fins politiques comme il existe partout ailleurs.

S’il faut tout de même considérer l’importance du ministère en charge de Tshisekedi père en 1966, l’Intérieur, il s’avère qu’il a une responsabilité morale pour avoir été inactif, pour n’avoir rien fait allant dans le sens de s’opposer. Il n’a pas grand-chose à se reprocher si ce n’est le fait d’avoir été, dans les débuts de sa carrière politique, proche d’un dictateur. C’est comme dirait Le Coran, « le diable vous fait craindre l’indigence ».

Aujourd’hui qu’il n’est plus, décoré du titre de Grand cordon de l’ordre national des héros nationaux Kabila-Lumumba, en attendant qu’il soit – c’est probable – élevé au statut de « héros national », il est plausible de plonger dans l’histoire de cet homme fait d’un métal rare, qui marque à tout jamais les feuillets de l’histoire sociopolitique du Congo-Kinshasa, par sa conviction et son intransigeance à l’égard des principes démocratiques.

 

Tony-Antoine Dibendila

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