Le siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), formation politique au pouvoir, a connu des échauffourées dans la matinée de ce jeudi 12 mars. Les militants de ce parti, généralement appelés « combattants », ont pris d’assaut les alentours de leur siège, pneus brûlés, circulation routière perturbée et vociférations contre certaines autorités de leur formation politique. Ils accusent l’actuel exécutif de « népotisme ». Sur le lieu, des dizaines de policiers quadrillent les alentours désormais, des interpellés sont progressivement libérés et les traces de pneus mués en cendre jonchent les allées…

Kennedy Mwene, qui se présente comme président du « parlement debout » Bokassa (une des extensions de ce parti dans la ville de Kinshasa), a bien voulu nous détailler les raisons de la tension observée depuis la matinée : « j’ai été arrêté, j’ai fait la prison ensemble avec David Mukeba, qui est l’un des conseillers du président de la République. Eux ne sont pas plus combattants que nous. Kabuya (secrétaire général intérimaire de ce parti, ndlr) se permet de nous traiter de voyous. Le sang d’Étienne Tshisekedi coule dans nos veines, et là nous le disons ouvertement, Kabuya n’est plus notre secrétaire général. »

Aux airs remontés, entouré de ses proches, il poursuit, gesticule des bras sans cesse, « nous combattants n’avons pas encore trouvé d’emplois, Kabuya se permet d’embaucher ses amis et les gens de son église, alors que les combattants qui se sont sacrifiés pour l’UDPS, n’ont pas d’emplois. Nous lançons une mise en garde à ceux-là que Kabuya a déjà envoyé dans de cabinets ministériels. Nous combattants nous irons les chasser l’un après l’autre. Kabuya n’a jamais été arrêté, il ne peut pas négliger les combattants. »

À quelques encablures, un autre militant de ce parti, plus discret, nous approche et tente de donner sa version qui elle soutient Augustin Kabuya : « certaines choses de ce qu’ils racontent ne sont pas vraies. Nous avons appris que l’UDPS a envoyé les noms de ses mandataires et que les vrais membres de l’UDPS ne sont pas repris. Personne ne sait si cela  est vrai. Certains combattants se sont rendus au bureau du secrétaire général Augustin Kabuya pour avoir le cœur net. Parmi eux certains se sont mal comportés. On ne s’adresse pas au chef n’importe comment. Si les noms de gens sont envoyés, pensez-vous que le secrétaire général a décidé seul ? Ensuite, nous ne connaissons pas vraiment les noms envoyés. »

À midi, la tension avait rigoureusement baissé. La police a pu remettre de l’ordre. Les personnes interpellées ont été libérées. Quelques mecontents isolés se sont réunis à de centaines de mètre, laissant libre-court à une attitude grincheuse.

Tony-Antoine Dibendila