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[Analyse] RDC : Le départ de Bahati Lukwebo du FCC n’est pas le dernier

[Analyse] RDC : Le départ de Bahati Lukwebo du FCC n’est pas le dernier

L’ancien ministre de l’économie et sénateur Bahati Lukwebo a pris acte mardi 09 juillet dernier de la suspension pour une durée indéterminée que le Front commun pour le Congo(FCC), méga plateforme politique de l’ancien président Joseph Kabila, l’a infligé comme sanction. Il est accusé de porter gravement atteintes aux intérêts politiques du FCC par son comportement.

D’un ton assuré, ce désormais ancien proche de l’ex-président précise que le FCC, où il a longtemps été membre jusqu’au 09 juillet, « ne peut même pas présenter des candidats. Les candidats qu’ils vont aligner vont se présenter comme indépendants ». Qu’il reprend son « autonomie ».

Officiellement, le comportement auquel ses partenaires du FCC fustigent est en effet son souhait de passer outre le choix de Joseph Kabila pour la présidence du Sénat et déposer lui aussi sa candidature. Le Raïs – surnom attribué à Kabila fils, lui, a jeté son dévolu sur Alexis Thambwe Mwamba, sénateur et plusieurs fois ministres, par conséquent tous les présidents de regroupements membres de sa plateforme devaient lui porter soutien.

Bahati ne l’entend plus de cette oreille, lui qui maitrise les modalités de désignation des candidats au sein de cette structure politique – le pouvoir discrétionnaire de « l’autorité morale » a toujours primé, brandit plus tôt le poids de son regroupement politique Alliance des forces démocratiques du Congo et alliés (AFDC-A) au sein des institutions.

Une lourde décision est enfin tombée, le faire partir. Évidemment le choc est palpable, le communiqué lu par Jean-Lucien Bussa, rapporteur pour la circonstance, à la fin de la conférence des présidents des regroupements membres du Front commun pour le Congo, dissimule mal le malaise.

« La conférence des présidents a constaté cependant  avec regret, en dépit de l’effort fourni et de l’indulgence consentie à l’endroit de l’honorable sénateur Bahati Lukwebo qui avait pris l’engagement de reconsidérer sa position tendant à présenter une candidature concurrente et de respecter les décisions pertinentes prises par la conférence des présidents en date de 08 juillet 2019, le sénateur Bahati est passé outre et continue à poser des actes qui portent gravement atteintes aux intérêts politiques du Front commun pour le Congo », a-t-il précisé devant le autres présidents, à l’insu du concerné.

Pour enfin s’éclaircir : « considérant son comportement récidiviste, le précité honorable Bahati Lukwebo s’inscrit dans une position d’auto-exclusion. »

Ira-t-il seul ? Certainement pas. Il est accusé par certains ténors du camp Kabila de jouer un double jeu, « récidiviste » d’ailleurs mais il n’est pas seul.

« Ils sont nombreux et ils sont connus ces leaders politiques qui pendant la campagne électorale n’ont pas soutenu Emmanuel Shadary – ancien candidat président de la République pour le compte du FCC – par pur calcul personnel. Cela ne se reproduira plus ! » Tonne Felix Kabange Numbi, un autre proche de Joseph Kabila dans une tribune parue dans plusieurs médias.

Qui sont-ils, ces « traitres » ? Combien sont-ils ? Le départ de Bahati bouleverse certains calculs et pourrait constituer un signe annonciateur des autres départs. Pour tenter d’anticiper, ladite conférence des présidents demande « aux cadres et élus de l’AFDC-A de présenter à la coordination du FCC un nouveau leadership devant représenter leur regroupement auprès du FCC ». Un appel aux élus proches de Bahati de se désolidariser de lui. Un groupe de ces cadres ont déjà affirmé soutenir le choix de Joseph Kabila.

Au-delà des raisons officielles, l’ancien ministre de l’économie est vu comme tendant à se rapprocher de la plateforme Cap pour le changement (CACH) de Felix Tshisekedi, l’actuel Président congolais.

La petite pagaille

Il est visible. Le départ du dissident Bahati, quoi que le FCC tente de relativiser sème une sorte de pagaille.

Chacun va de son verbe pour qualifier sa dissidence prévisible. L’extravagant Felix Kabange Numbi en a bombardé une tribune revancharde où il traite des « mercenaires » ceux qui ont le comportement de Lukwebo.

D’autres titubent, l’avenir politique est perturbé, tel que l’ancien ministre Steve Mbikayi qui dit rester à la fois fidèle au dissident sénateur et à Joseph Kabila, lorsque India Omari, autre membre du FCC, renchérit qu’on ne peut jamais servir deux maîtres à la fois, révélant que « le jour où le sénateur s’était décidé à torpiller la coalition c’est le jour où Raila odinga (l’opposant Kenyan, ndlr) était arrivé et ils étaient dans un restaurant, tout ce qu’il faisait, était connu ».

Il se pourrait donc qu’il y ait d’autres départs, surtout au sortir du gouvernement qui ne pourra satisfaire tout le monde, le Front commun ne comptant pas assez de personnalités politiques capables de se sacrifier pour l’intérêt politique commun, tel que l’a fait montre quelques-unes d’entre elles.

 

Tony-Antoine Dibendila

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