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RDC : Lamuka, l’imminence d’une implosion

RDC : Lamuka, l’imminence d’une implosion

Les regards se cristallisent sur deux personnages de l’opposition : Moïse Katumbi coordonnateur de la plateforme politique Lamuka et Martin Fayulu ancien candidat président soutenu par la même plateforme. La route est en bifurcation pour les deux, depuis la très médiatique sortie du premier sur les plateaux de France 24 et RFI. Entretien au cours duquel il n’a prononcé aucune critique contre l’actuel président congolais, s’est montré en désaccords avec Fayulu et a enfin annoncé, à demi-mot tout de même, une révision de ses alliances politiques.

Épinglons les postures de Martin Fayulu, président de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement(Ecidé), membre de Lamuka qui se présente comme « président légitime » au regard de la dernière présidentielle qu’il conteste les résultats. Arrivé dimanche 28 avril à Kinshasa, il demande non pas seulement la démission de Félix Tshisekedi mais aussi un soulèvement populaire à l’algérienne ou à la soudanaise.

« Cette fois-ci, nous sommes rentrés pour demander et obtenir la démission de Félix Tshisekedi. Il a fait la honte, il a vendu le pays… N’attendez plus un mot d’ordre (…). Vous, peuple, vous êtes plus fort que n’importe quelle armée au monde. Au Soudan et en Algérie, le peuple a obtenu le départ des dirigeants. Ici, on doit faire la même chose », maugrée-t-il.

Fayulu reste dans la logique du « radical », tel qu’est qualifié les partis congolais d’opposition qui considèrent noire la gestion globale du pouvoir en place. Une sorte de réplique de l’action politique du défunt opposant historique Étienne Tshisekedi, qui joua à la surenchère oratoire, après son rejet des résultats de la présidentielle de 2011 remportée par l’ancien président Joseph Kabila, allant jusqu’à exiger que tout celui qui l’apportera ce dernier aura « une récompense ». Il en a subi en retour une interminable assignation à la résidence surveillée.

C’est ici l’éclat du vase. Katumbi, largement bénéficiaire de la décrispation politique grâce, doit-il être soulignée, à la présence de Tshisekedi fils à la tête du pays, se réserve d’émettre une seule critique à l’égard de son président « gentil » auquel il énumère les actes de bonne foi : « il y a des choses positives que Félix Tshisekedi est en train de faire. Par exemple, la liberté d’expression dans notre pays, la libération de prisonniers politiques et aussi supprimer les cachots au service de renseignements ».

Aucun « vrai » opposant de ce pays où la plupart de feux s’allument en rouge n’a été aussi conciliant vis-à-vis du pouvoir, à moins qu’il appartienne à ceux qui se revendiquent de « l’opposition républicaine », comme Katumbi l’a fait. Sauf qu’au Congo, cette forme d’opposition cache mal son rapprochement au pouvoir. La flagrance du cas Kengo Wa Dondo, président du sénat douze ans durant sous Kabila,qui s’est longtemps revendiqué de l’opposition républicaine, en est le parfait portrait.

L’évidence de divergences

Alors que l’ancien candidat président Martin Fayulu, dès son retour estimait qu’il est à Kinshasa pour obtenir la démission de Tshisekedi, Katumbi lui retourne en RDC le 20 mai prochain pour, dit-il, « consoler les familles qui ont été maltraitées » par l’ancien régime durant son absence. Il est plausible de se souvenir de propos tenus par Kyungu Wa Kumwanza, vétéran de la politique congolaise, populaire au Katanga et proche du Chairman(surnom attribué à Katumbi), à la suite du meeting du président de l’Ecidé : « Moïse Katumbi n’est pas d’accord avec Fayulu ».

A la question de savoir s’il est du même avis que Fayulu, s’il le considère toujours comme le vrai vainqueur de la dernière présidentielle, le patron du club de football TP Mazembe, affalé dans son siège sans dossier, réprouve : « la Cour constitutionnelle a proclamé monsieur Félix Tshisekedi président de la République. Pour moi, je suis un homme pragmatique, je ne voudrais pas entrer dans des débats qui pourront un jour ramener le mal dans notre pays. Donc, le plus important pour nous, c’est l’avenir du peuple congolais ».

Annonçant au passage sa prochaine tournée à travers le Congo et la transformation de sa plateforme Ensemble en un parti politique. Quelques heures plus tard, Martin Fayulu par le biais de ses proches, affirme qu’il reprend dans les jours qui viennent sa tournée à l’intérieur du pays. Il a déjà fait quelques provinces. Le bras de de fer donc.

Les jeunes se tiraillent

Entre temps, voyant venir le divorce, les jeunes pro-Fayulu ou pro-Katumbi, se lancent de quolibets par réseaux sociaux interposés. Un collectif de jeunes congolais de la diaspora, fidèle a la ligne politique du candidat perdant de Lamuka, exige de Moïse Katumbi « la démission au poste de coordonnateur ».

Le secrétaire général adjoint chargé de la coordination de la jeunesse de Ensemble, qualifie en retour cette exigence de « sale blague ».

Comme ceux-ci, c’est peut-être déjà l’épilogue du love-in pour les deux hommes, et chacun machinerait d’ores et déjà pour son repositionnement.

Tony-Antoine Dibendila

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