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Au lieu de l’embrasement général attendu, le Congo a présenté au monde « sa » première alternance pacifique

Au lieu de l’embrasement général attendu, le Congo a présenté au monde « sa » première alternance pacifique

La République démocratique du Congo connait ce 24 janvier, la première année de son inédite alternance pacifique depuis l’indépendance. À l’issue d’un processus électoral qui apparemment réunissait tous les ingrédients d’un embrasement généralisé, la passation civilisée du pouvoir a eu lieu, introduisant ce vaste État d’Afrique centrale à une nouvelle ère : l’inattendue coalition gouvernementale entre les proches de l’ex-président Kabila et le camp de l’actuel président Félix Tshisekedi.

Deux camps longtemps rivaux, de véritables ennemies d’hier, obligés de coaliser, au nom de la stabilité, du développement et de la paix. « Dans un contexte de coalition, il importe surtout de parvenir à construire, ensemble avec nos partenaires(le Front commun pour le Congo, FCC, ndlr), un nouveau système de gouvernance qui réduit les risques de retomber dans les travers du passé », a récemment lâché un proche de Félix Tshisekedi au Groupe d’étude sur le Congo.

Seulement, de soubresauts s’invitent régulièrement, rendus publics via des « uppercuts verbaux » venus de personnalités de premier plan de deux plateformes en coalition gouvernementale, le CACH(Cap pour le changement) de Tshisekedi et le FCC de Kabila, sur fond de dossiers sensibles. De tiraillements et des hésitations qui caractérisent le pouvoir congolais sous le fils du défunt opposant Étienne Tshisekedi.

Ramazani Shadary, secrétaire permanent du parti de Joseph Kabila a annoncé mercredi dernier lors d’une cérémonie de sa formation politique que son camp vient de céder la gestion de la société minière de l’État Gecamines et celle de chemins des fers la SNCC au camp du président en exercice. Ce qui implique l’exécution prochaine des ordonnances signées par le président Tshisekedi et nommant de nouveaux mandataires à ces entreprises, bloquées depuis plusieurs mois. Un des dossiers très disputés.

Un autre sujet critique vient de voir le jour, la menace de destitution du président de la République par le speaker de l’Assemblée nationale, au cas où Félix Tshisekedi procédait a une dissolution « irrégulière » de son institution. Bien que cela soit une prérogative présidentielle, Jeanine Mabunda estime que la loi l’encadre. Sur la Radio france internationale ce vendredi qui signe la date de la prestation de serment de l’actuel chef de l’État, son directeur de cabinet Vital Kamerhe a estimé que la présidente de l’Assemblée nationale a franchi « la ligne rouge ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Sera-t-elle poussée à la démission ? Si c’est le cas, le FCC dont elle fait partie sera-t-elle d’accord ?

« Agitez très bien le chiffon rouge en évoquant la destitution du président… Mais n’oubliez pas qu’il y a le peuple qui ne demande pas mieux, d’une part. Et d’autre part, la facture très salée à régler après une épreuve de force perdue. Rira bien qui rira le dernier », a prévenu Jean-Marc Kabund, vice-président de l’Assemblée nationale et président intérimaire du parti de Tshisekedi UDPS.

Des couacs qui peuvent avoir le mérite de reléguer en seconde zone les innombrables attentes du peuple congolais, l’un des plus pauvres de la planète, pourtant assis sur un sol immensément riche : le président Tshisekedi clame vouloir mettre fin à ce paradoxe humiliant.

Dans son tweet de ce jour mémorable, le président du Parti national pour la nouvelle énergie du Congo (PNEC) Michel Mwika, une modeste formation politique centriste, résume avec lucidité le bilan de cette première année de « Fatshi » au pouvoir, et exige un réveil : « un an après l’alternance, il est triste de constater que la vraie alternance n’a malheureusement pas eu lieu. La vraie alternance concerne : le changement de mentalité, l’ordre, la justice… Jusque-là c’est presque une pseudomorphose. Les quatre années restantes seront très déterminantes. »

Au lieu de l’embrasement général attendu par certains États dans la région et d’autres plus loin, le Congo a présenté au monde sa première alternance pacifique marquée par la recherche de l’équilibre. Les phrases sortent, dérangent et perturbent de part et d’autre, mais nul ne souhaite pour l’instant une crise majeure. Le peuple congolais, meurtri durant tant d’années, observe.

 

Tony-Antoine Dibendila

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