Une centaine de cas testés positifs dans un pays sous le régime d’État d’urgence, des morts aux alentours de 10%, une communication alarmiste, une sensibilisation sur terrain inexistante, une ignorance de médias traditionnels incomprise, la psychologie communicationnelle piétinée… Louis d’or Balekelayi, chercheur en nouvelles technologies de l’information et de la communication au niveau doctoral et expert en communication s’en prend, détails soutenus, à la communication du secrétariat technique de l’équipe de riposte, qui livre le professeur Muyembe son coordonateur à l’inconnu. Dans une tribune que l’expert publie cette semaine dans les médias, il n’épargne personne dans cette allure qu’il pèse « légère », et propose la mise sur pied d’une cellule de communication de crise. Tribune.

J’ai suivi avec une immense déception et frustration la dernière sortie médiatique du professeur Jean-Jacques Muyembe sur ses annonces apocalyptiques sur les ravages de Coronavirus. Moi qui contribue par mes moyens propres à la sensibilisation de la population sur cette pandémie pour appuyer les mesures des pouvoirs publics, j’estime que le professeur Muyembe, sur qui j’ai beaucoup d’estime et sur qui repose l’espoir des millions de congolais, en dehors de Dieu, a très mal communiqué sur une radio locale et lui fait des suggestions.

En effet, j’estime que sur le plan des principes qui régentent la psychologie de la communication, le professeur Muyembe, visiblement pris à pied levé par les journalistes qui l’interrogeait en direct (ce qui est à éviter) a fait son premier raté médiatique. Mais ce n’est pas tard, il peut se ressaisir.

Comment voulez-vous, comment expliquez-vous que le docteur Muyembe, fort de son expérience dans la gestion de différentes épidémies d’Ebola, ce qui fait de lui une référence virologique et épidémiologique internationale, présente un tableau alarmiste aux congolais en détresse et traumatisés par l’avancée de la pandémie et l’inefficacité mieux l’absence de la sensibilisation de la population sur le terrain. Sensibiliser et alerter sur le danger de Covid-19, oui. Mais il y a une communication de crise et un langage approprié pour présenter les faits, ce qui a manqué à notre cher professeur. Même si le professeur Muyembe détient toute la vérité sur ce que pourraient être les ravages éventuels de la pandémie en RDC, il y a de formulations recommandées par l’éthique de la communication.

J’ai eu trop mal d’entendre l’éminent professeur Muyembe, sans porter des gants, prédire que la maladie pourrait faire autour de deux mille morts comme ce fut le cas avec Ebola. C’est extrêmement grave une telle déclaration, ça ne devrait pas se dire ainsi surtout lorsqu’on sait qu’il y a des malades dans les hôpitaux, et d’autres qui s’ignorent ou se cachent par peur de stigmatisation.

Comment avec une telle déclaration, un malade atteint, qu’on emmène à l’hôpital, pourrait avoir l’espoir de survivre après traitement, surtout quand on sait que chaque jour, la communication mise en place se base sur le nombre des nouveaux cas et de décès, peu sur les malades guéris. En toute modestie, j’estime que le système de communication de l’équipe de riposte et du gouvernement devrait sortir de son état déficitaire afin de rencontrer les attentes du président de la République. Un malade qui apprend que 2000 personnes vont mourir de cette maladie se voit déjà candidat à la mort, même s’il peut guérir.

Voilà pourquoi je propose la mise sur pied d’une cellule de communication de crise avec des experts du domaine où des compatriotes qui ont fait preuve dans la maîtrise de la communication. Il y en a au CACH (Cap pour le changement), il y en a au FCC (Front commun pour le Congo), il y en a dans la société civile et dans les milieux scientifiques. La psychologie des malades et de la population en ce moment nécessite du « tach pan toile communication ». Il vaut mieux que le professeur Muyembe en tant que responsable du secrétariat technique de riposte contre le Covid-19, soit entouré des experts et évite les interventions en direct dans les médias.

En conclusion, je dénonce toute communication alarmiste et j’encourage la sensibilisation sur terrain et dans les médias accessibles à tous. Pas uniquement les réseaux sociaux que tout le monde n’utilise pas. Tous les congolais ne connaissent ni les comptes Facebook ni Twitter de l’Intitut national de recherche biomédicale (INRB) ni du ministère de la santé. Il faut une communication des masses et la mise à contribution de la chaîne nationale et des radios communautaires. Pourquoi crédibiliser une chaîne privée consacrée à la lutte contre le Covid-19 alors que la Radiotélévision nationale congolaise a trois chaînes (Rtnc1, Rtnc2 et Rtnc3/ institutions)